Bertrand ou Jean ? Enregistrer au format PDF

Samedi 25 mai 2019
bertrand D
Jean M

J’ai récemment rencontré un grand adolescent dans une famille qui m’est proche. Bien sûr, je l’ai interrogé sur ses études. Il m’a dit qu’il était « élève à Jean Monnet. » Enthousiaste, je lui ai dit qu’il avait de la chance d’étudier dans un collège placé sous le patronage de l’un des pères de l’Europe. J’ai senti combien mon jeune interlocuteur était embarrassé. Visiblement, Jean Monnet, ça ne lui disait pas grand chose. Et pourtant, il prononçait ce nom plusieurs fois par jour. Spontanément, quand je lui ai posé la question de sa scolarité, il n’a pas répondu : je suis « au collège de Broons », mais à « Jean Monnet. » Il y a ainsi des noms affectés à des lieux, des rues, des institutions, qui font partie de nos repérages quotidiens, sans que nous sachions ce dont ils sont évocateurs. Dommage !

Pourtant, ça vaudrait le coup de raconter l’histoire de Jean Monnet à nos collégiens. Sans doute, cela se fait-il en cours d’Histoire ou d’Éducation Civique. En cette année d’élections européennes, son message est d’actualité. Il a été l’un des pionniers de l’Europe, après la guerre. Avec notre député de l’époque, René Pléven, il envisageait même une Défense Européenne (la fameuse CED). Les deux complices (qui se rencontraient parfois à Yvignac), avaient l’audace de parler aussi des « Etats-Unis » d’Europe. Ils étaient visionnaires. Ils étaient en avance sur leur temps, et sur le nôtre aussi.

Cependant, chez nous, c’est Bertrand Du Guesclin qui bénéficie de la notoriété la plus forte. C’est vrai qu’il est originaire de « La Motte-Broons. » Batailleur rusé et courageux, le nombre de ses victoires militaires ne se comptent pas. Contre les anglais en particulier qu’il « bouta » hors de France. Notre Connétable fait partie de la Légende Nationale. Aussi, on comprend bien que la Municipalité de Broons envisage d’ériger une statue en son honneur, au cœur de la cité, pour remplacer celle qui fut sottement plastiquée en 1977.

Mais tout de même, en ce mois d’élections européennes, et alors que toutes les peurs nationalistes nous invitent au repli, il serait tentant d’invoquer Du Guesclin à l’appui de cette cause. Surtout, ne faisons pas parler l’Histoire à contre- sens. Mettons une forte dose de Jean Monnet dans nos fiertés locales. C’est lui qui nous parle le plus d’avenir, d’espoir, de paix, de coopération internationale, de communauté. Et j’espère que nos jeunes collégiens, qui vivent au quotidien sous son patronage, sauront recueillir son message.

Elie Geffray
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