J’ai sous les yeux une page de réflexions d’une certaine Blandine. Une femme du monde rural des environs de St Brieuc mais originaire d’ici. Elle dit ne pas comprendre la réforme des retraites. Elle pointe surtout les comportements du « chacun pour soi » constatés à propos des régimes spéciaux et de la pénibilité.
Elle écrit ceci : « Chacun prêche pour sa paroisse…La RATP prend en otages les particuliers qui vont gagner leur vie dont certains sont déjà à l’état de survie avec leurs maigres revenus ; les enseignants prennent en otages les élèves alors que tous pataugent dans une énième réforme… J’oublie certainement des corps de métiers qui dérogent à la règle de l’égalité. »
Et à propos de la pénibilité, Blandine signale aussi : « Qu’en est-il pour l’agriculteur qui cultive, soigne 7 jours sur 7 ; pour le charpentier qui risque sa vie pour nous doter d’un toit et travaille été comme hiver sans pouvoir conditionner une météo clémente ; pour le soignant qui lâche la main d’un mourant parce que le vivant attend des soins adaptés de jour comme de nuit ; pour le routier qui passe aussi dimanche et jour férié sur une aire d’autoroute ; pour les caissières avec leurs horaires et leurs salaires minables, les employés à la chaîne qui font les 3/8 … ? »
C’est vrai, Blandine voit juste sur bien des points. Mais les dérapages ne viennent pas d’abord de la complexité du dossier comme on l’explique souvent, mais de ce détestable « chacun pour soi. Ce fameux « TPMG = tout pour ma gueule. » Les Français sont épris d’égalité : quand on a annoncé un système de retraite universel, le même pour tous, tout le monde, ou presque, a approuvé. Mais quand on est passé à la mise en œuvre, chacun a défendu son morceau. On ne se demandait pas comment partager ensemble les ressources communes ? Comment allait-on revaloriser les plus faibles retraites ? Comment faire preuve de solidarité dans nos institutions ? Non, chacun est allé à la pêche à ses « avantages. » Les uns à son régime spécial. Les autres, et souvent les mêmes, à leur soi-disant pénibilité. Toujours le « TPMG ».
La cause profonde et non avouée de nos difficultés vient de ce que l’égalité sans la fraternité, ça ne marche pas. Et pourtant, sur nos frontons républicains, on mentionne bien trois vertus : Liberté –Egalité – Fraternité. Si la France ne s’appuie pas sur ces trois piliers en même temps, elle ne peut que boiter.