Que restera t-il de cet été ? Enregistrer au format PDF

Jeudi 6 septembre 2018
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Au moins, on aura eu une bonne dose de soleil cette année. Peut-être pas avec la modération qui convient au climat breton. Mais pas de quoi se plaindre. Par ailleurs, je reste sur ma faim, au terme de ces deux mois, sur deux sujets majeurs : la politique et le sport.

Au début de l’été, le parlement avait engagé un travail sur la réforme parlementaire. L’idée de réduire le nombre des députés, de les concentrer sur leur mission législative et nationale, en leur donnant plus de moyens pour travailler, me paraissait salutaire à bien des points de vue. Mais l’affaire Benalla est arrivée. Vous savez, ce dérapage du responsable de la sécurité présidentielle, qui avait cru bon de jouer au policier au cours d’une manifestation. Et les députés se sont jetés sur ce fait divers, comme les mouches sur la charogne. Ils ont abandonné leurs travaux en cours en faveur de commissions d’enquêtes parlementaires tapageuses. Et inutiles, dans la mesure où la justice s’était saisie du dossier. Que les parlementaires débattent de leurs affaires, et que les juges enquêtent sur les leurs, et les vaches seront bien gardées. Au lieu de cela, on a eu droit à des attaques au karcher et au bazooka qui font le bonheur des médias en délire. Le soir du vote de la motion de censure, l’émission pourtant réputée sérieuse « C dans l’air », a présenté ainsi l’enjeu de ce scrutin : « Qui a gagné ? Qui a perdu ? » On confond l’Assemblée Nationale avec un stade, et on ramène la politique à un match. Et nous qui attendions une rénovation de la vie politique. Décourageant !

Puisqu’on en arrive au sport, restons-y ! La Coupe du Monde nous a apporté un vrai moment de bonheur, avec une équipe nationale et un entraîneur exemplaires.

Puis, on s’est intéressé au Tour de France, si populaire. Mais, cependant, avec moins d’enthousiasme que d’habitude. La sulfureuse équipe Sky, intouchable avec son budget de deux fois et demie supérieur à celui d’une bonne équipe française comme AG2R La Mondiale, a suscité bien des méfiances. Marc Madiot l’a dit sans ambages : avec la loi du fric, on est en train de discréditer le cyclisme. Au championnat de foot qui vient de commencer, ce n’est pas mieux : ce sont les capitaux du Qatar qui font la loi. Et déjà, nous savons qui sera le vainqueur de cette saison qui commence : le PSG. Je n’ose pas trop poser une question qui pourrait paraître démagogique : pourquoi supporte-t-on, avec tant de patience et d’inertie, ces débordements financiers dans le sport, alors que, par ailleurs, nous sommes si susceptibles sur les questions de justice sociale et d’égalité ?

A la fin de ces vacances d’été, nous allons connaître une rentrée difficile : une vie politique qui fait bien des concessions à « l’ancien monde » et qui tarde à se rénover…et un climat sportif pollué.

Mais dans quelle mesure ne sommes-nous pas complices ?

Elie Geffray
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